Mesdames, Messieurs, Monsieur le Président,
Comme d'habitude, ce budget supplémentaire nous est présenté comme étant de simples ajustements des dépenses et des recettes. C'est d'ailleurs bien là, le rôle du budget supplémentaire qui permet de profiter de la moindre recette supplémentaire, du moindre report d'excédent pour abonder des dépenses imprévues en cours d'exercice.
Aujourd'hui, les choses apparaissent cependant un peu différentes, car les recettes d'investissement se révèlent être nettement supérieures aux dépenses, de sorte que nous pouvons envisager de diminuer l'emprunt prévu de 7,6 millions d'euros et limiter d'autant l'endettement. Cette annonce pourrait, à première vue apparaître comme très satisfaisante mais la réalité est en fait plus contestable.
Permettez-moi de rappeler tout d'abord que, lors de la session budgétaire, notre groupe avait proposé de ne pas alourdir la pression fiscale cette année pour ne pas plomber davantage l'activité économique. Nous étions en effet plutôt favorables à faire porter l'effort sur l'emprunt, dont les taux étaient attractifs et dont le montant resterait de toute façon inférieur à celui de l'année précédente.
Vous avez fait le choix de l'impôt, Monsieur le Président, pour "pouvoir dégager, avez-vous dit, une épargne nette conséquente" et ainsi faire face aux dépenses engendrées par le "Plan départemental de soutien à l'économie et à l'emploi".
L'analyse de ce budget supplémentaire confirme que nous n'avions pas besoin de cette épargne conséquente puisque les dépenses d'investissement sont en net recul par rapport aux prévisions. Autrement dit, nous pouvions éviter aux contribuables nivernais les 12 % d'augmentation qui figurent actuellement sur leurs feuilles d'impôts locaux, dans le colonne département.
Le second constat, tiré de l'analyse de ce budget supplémentaire, nous paraît plus inquiétant encore et, c'est la raison pour laquelle nous voterons contre.
Monsieur le Président, le 27 mars dernier, à l'occasion du vote du Budget Primitif, nous avions partagé votre préoccupation sur la situation économique de la Nièvre, sur l'augmentation du chômage et la paupérisation de la population.
Nous vous avons apporté notre soutien lorsque vous nous avez soumis votre Plan départemental de soutien à l'économie et à l'emploi, en accompagnement du Plan de relance du Gouvernement, afin de préserver l'activité, l'emploi, défendre nos entreprises et préparer l'avenir de notre département, selon vos propres termes.
Nous ne pouvions qu'approuver cette stratégie volontaire. Pour la mettre en application, le conseil Général a programmé un volume d'investissements important, à hauteur de 53,94 millions d'euros, ce qui nous permettait également de bénéficier d'une récupération anticipée du fonds de compensation de la TVA relatif à l'exercice 2008, soit une recette supplémentaire de 4 millions d'euros.
Nous vous avons également apporté notre soutien lorsque vous avez déclaré que le conseil Général avait choisi d'intensifier ses investissements pour jouer pleinement son rôle de soutien à la relance économique par le biais de la commande publique.
Or que constations-nous? Non seulement, la réalisation des projets d'investissements est nettement inférieure à ce qui était initialement prévu, mais de plus, le volume des investissements, réellement programmés cette année, est en retrait de plus de 15 % par rapport à ceux de l'année dernière (54 millions d'euros contre 47 millions d'euros), alors même que le chômage explose, que la Nièvre a perdu près de 4 000 emplois et que le chômage partiel est de mise dans la plupart de nos entreprises.
Le constat est accablant et notre déception est à la hauteur des espoirs suscité par vos déclarations. Ce budget supplémentaire, que je qualifierais "au rabais" témoigne de vos difficultés pour réellement surmonter les défis économiques et sociaux auxquels la Nièvre est aujourd'hui confrontée.
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